Un peu d'histoire...la MIACA

Dans le cadre du travail de thèse de Myriam Casamayor relatif à l’héritage de la MIACA, une interview inédite de Philippe Saint-Marc, 1er Président de la MIACA (1967-1970) a été réalisée à son domicile à Paris le 8 avril 2016.

Un témoignage rare, parfois touchant, qui laisse parfois songeur et fait réfléchir sur l'héritage de la MIACA, ses déformations au fil du temps, son utopisme même parfois, et donc sa nécessaire actualisation pour faire face aux défis d'aujourd'hui, en particulier ce phénomène de littoralisation et de métropolisation du littoral de la côte Aquitaine.


De formation pluridisciplinaire, Philippe Saint-Marc est né en 1927 à Paris, il obtient son doctorat en Droit et se présente au concours de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) où il est reçu major de sa promotion. À l’issue de sa mission au sein de l’administration des rapatriés d’Algérie en 1965, il est nommé, à sa demande, chargé de mission à la DATAR (Délégation Interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale).

C’est dans l’aménagement du territoire que s’affirme son intérêt pour l’écologie et la défense de la nature. À la tête de la MIACA, sa nomination en 1966 comme président du groupe d’étude, puis comme président de la Mission Interministérielle pour l’Aménagement de la Côte Aquitaine ou MIACA (1967-1970) lui donne l’occasion de promouvoir et de mettre en œuvre un autre type de développement des territoires, attentif à la protection de la nature et de l’environnement.

L’aménagement de la côte languedocienne, avec des stations intégrées coupées de l’arrière-pays, est pour lui un repoussoir et non un modèle.
Il obtient donc que sa mission ne se limite pas à l’équipement du trait de côte mais concerne une bande de trente kilomètres de profondeur dans les Landes, la Gironde et le Pays Basque (à partir de 1968).

Il souhaite que son action n’accentue pas les déséquilibres territoriaux et démographiques en vidant l’arrière-pays au profit du littoral. Selon lui, toute opération d’aménagement doit être éloignée de l’esprit de profit. Il promeut un « humanisme écologique » reposant sur la protection de la nature et l’épanouissement moral et physique des hommes.

Cela le conduit, notamment, à considérer que le littoral doit rester une propriété publique, sans que des constructions privées n’en compromettent l’accès au public.

Les premières réalisations de la MIACA s’inspirent de principes chers à Philippe Saint-Marc. Il lance un programme d’équipements sportifs accompagnant la remise en état de la Petite et de la Grande Leyre, avec des haltes pour canoéistes, des centres sportifs, des piscines. De plus, ses fonctions de directeur des spectacles, de la musique et des lettres au ministère d’État chargé des Affaires culturelles (1969-1970) lui permettent de lancer des programmes de « rénovation culturelle », selon ses termes, pour promouvoir non seulement le tourisme mais aussi le touriste. Il cherche ainsi à animer les vacances par des festivals itinérants et des spectacles poétiques dans les campagnes, en collaboration avec la CFDT et son organisation de tourisme social.

Ces premières initiatives trouvent par la suite un prolongement avec la création, en 1972, des Centres Permanents d’Initiation à l’Environnement (CPIE), dont l’objectif est de faire découvrir à la fois la nature et la culture d’une région.

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