Collectif NSA

Le contexte global et cumulé de l'héliotropisme, du changement climatique et de "métropolisation du littoral" que connait l'Aquitaine conduit inexorablement les acteurs publics à repenser totalement la vie du littoral dans son ensemble.

Cet état de fait provoque, va donc provoquer tout logiquement de nombreux changements dans tous les domaines de la vie des territoires littoraux, tant l'impact et les conséquences de tels changements et mutations sont à la fois socio-économiques, touristiques, sociologiques, environnementaux, urbanistiques,...

Ainsi, à la plage comme à la ville, il va falloir repenser l'organisation, l'aménagement, les activités et la vie sociale.
Car oui, aujourd'hui, l'Océan se pratique toute l'année et à tout âge.

Bronzette et baignade à Capbreton hors saison (fin octobre 2014)

La plage de Lacanau prise d'assaut en avril 2015

Avec la multiplication des planches (paddle, kayak, surf,...) et des petites embarcations, le succès et la démocratisation toujours plus croissants du surf, la fréquentation à l’année des plages, des périodes de vacances davantage réparties sur l’année, et surtout le départ programmé des MNS-CRS, il serait plus que temps de renouveler, voire totalement réinventer le sauvetage sur notre littoral.

Rappelons-nous en effet que nous allons constater dès cet été in vivo que les traditionnels CRS nageurs–sauveteurs ne vont arriver que tardivement, pas avant le 20 juillet, pour cause d’Euro de football. De plus, l’État va avoir besoin de toutes ses troupes pour garantir la sécurité dans les villes, suite à l’état d’urgence. Alors, les plages !



J'ai rejoint récemment le nouveau Collectif NSA (Nageurs Sauveteurs Aquitains), créé par mes amis Hugo VERLOMME et Marc MUGUET, deux hommes de la mer (ou loups de mer selon les périodes !) d'expérience qu'on ne présente plus, et qui propose de très nombreuses idées pour améliorer la surveillance des plages et même au-delà. Ce véritable "laboratoire d'idées" se veut à la fois ambitieux face aux forts enjeux en présence et totalement pragmatique et opérationnel par la myriade de propositions concrètes émises par le collectif.
Tout cela s'inscrit dans la révolution qui devra s'opérer dans tous les domaines de la "vie littorale".


A LA LIGNE a donc décidé de donner la parole au collectif au travers de quelques questions dévoilant le projet :

1. Présentez-nous le Collectif NSA ? 

Nous sommes un groupe de réflexion pluridisciplinaire, rassemblant des nageurs-sauveteurs mais aussi une palette d’individus concernés par la sécurité du littoral : élus, pompiers, sauveteurs en mer, watermen, baigneurs, surfeurs, professionnels du tourisme, responsables de la sécurité, enseignants, universitaires, scientifiques, et même un philosophe. Notre projet examine toutes les façons, humaines, techniques ou technologiques, permettant de sauver des vies et d’adapter la surveillance de nos plages à l’évolution de la société. Ces pistes de travail sont également adaptables à d’autres domaines où la sécurité est une priorité (activités en milieu naturel, environnement, prévention des risques…).

Marc Muguet en pleine action
Hugo Verlomme toujours dans la synchronicité

2. Pourquoi créer un collectif de sauveteurs aujourd’hui ? 

Le Collectif NSA s’est créé en 2015 (sur les trois communes d’Hossegor, Capbreton, Seignosse) face à la nécessité, l’urgence, d’inventer un renouveau du sauvetage sur nos plages, face à une situation totalement nouvelle (fréquentation exponentielle et à l’année des plages, pratiques de sauvetage désuètes, départ programmé des CRS…). Nous sommes avant tout un « think tank », une boîte à idées. Le collectif se veut force de proposition, source d’innovations mais aussi un espace de dialogue citoyen avec ceux qui utilisent la plage ou qui sont soucieux de la sécurité. La mission du Collectif est aussi de proposer des pistes d’améliorations à l’attention des élus des communes littorales d’Aquitaine, dont les plages sont particulièrement dangereuses. C’est pourquoi nous avons remis à plusieurs élus et responsables un rapport de 70 pages couvrant les différents aspects du sauvetage sur lesquels il semble possible d’apporter dès maintenant des améliorations bénéficiant à tous.

3. Quelle est votre priorité ? 

A situation nouvelle, solutions nouvelles.
Nous devons répondre à une situation nouvelle : nos plages sont de plus en plus sillonnées été comme hiver, et les pratiques se multiplient (planches, kayaks, etc.). Avec les épisodes de fortes chaleurs, on voit des foules de tous âges se baigner hors saison. Les communes peuvent être tenues, légalement, de mettre en place des zones surveillées. Notre priorité est d’améliorer la sécurité, de sauver des vies. La notion de sécurité sur les plages doit évoluer de toute urgence, car nous fonctionnons encore sur des critères du passé, avec trente ans de retard, notamment en matière de flexibilité des périodes de surveillance, mais aussi de visibilité des zones de bain. Nous souhaitons proposer de nouvelles techniques de sauvetage encore trop peu utilisées par les sauveteurs professionnels (paddle, bouée-tube, jet-ski, IRB gonflable, drones), ainsi que des relais internet et smartphones pour améliorer la prévention et la sécurité. D’autre part, nous poussons nos élus à envoyer, dès la saison estivale 2016, un signal fort à destination des baigneurs, en remplaçant nos bons vieux drapeaux « bleu-invisible » par de grandes flammes rouge et jaune, comme dans le reste du monde.

4. Que proposez-vous à long terme ? 

Le noyau central de cette démarche passe nécessairement par la création d’un Pôle de Formation et d’Innovation consacré au sauvetage. Cela permettrait de former non seulement des sauveteurs d’élite, mais aussi de privilégier la prévention par la sensibilisation des populations, les jeunes en particulier, aux risques liés à la mer. Les professionnels de la mer y trouveront des réponses aux dangers qui sont les leurs. Un tel pôle servira aussi de laboratoire d’innovation pour améliorer le sauvetage et tout ce qui orbite autour. Grâce à de tels atouts et aux sauveteurs d’exception de la côte aquitaine, la sécurité de nos plages peut devenir un formidable produit d’appel touristique pour la région entière. D’où la création du label « Pays des sauveteurs », image positive pour notre littoral et valorisante pour les sauveteurs.

5. En parlant de sécurité, qu’entendez-vous par « produit d’appel » touristique ? 

Le contexte international fragile et la baisse du pouvoir d’achat poussent le touriste européen à privilégier des destinations plus proches et plus sûres. Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme, la sécurité devient la condition numéro un dans le choix des destinations, devant l’environnement. En Aquitaine, nous avons les plus belles plages sauvages d’Europe et les meilleurs nageurs-sauveteurs du vieux continent. L’association de ces deux critères peut devenir un véritable atout économique.

6. Parlez-nous de votre approche citoyenne ?

Le Collectif souhaite proposer des formations de sauvetage et de sécurité aux riverains comme aux usagers des plages (y compris pour des activités périscolaires), ainsi qu’aux professionnels de la mer (surfeurs, pêcheurs, marins, plongeurs, plaisanciers), pour qu’ils deviennent acteurs de leur propre prévention. Un exemple : la plage est à la fois un lieu réglementé d’une commune et un espace de liberté. Pour répondre à cette particularité unique, nous avons mis au point une formation totalement novatrice, afin de créer un nouveau maillage de surveillance des plages, basé sur la citoyenneté. L’accès à ces connaissances présente divers avantages : on améliore la prévention et les conditions de sécurité, on favorise le développement économique et l’on crée du lien social, de la solidarité, entre les populations du littoral. Ces avancées peuvent rayonner vers d’autres domaines connexes comme la sécurité civile, la montagne, ou d’autres activités en milieu naturel. Dans ce domaine, l’Aquitaine peut s’appuyer sur des sauveteurs mondialement reconnus.

7. Où en est le projet ? 

Nous avons rencontré des élus, des sauveteurs, des responsables de la sécurité, des baigneurs, et le projet entre maintenant dans sa deuxième phase. Nous souhaitons commencer à dialoguer avec le public cet été pour le préparer à une évolution dans les années à venir. Notre priorité, à présent, est de construire les bases d’un Pôle de Formation et d’Innovation Sauvetage avec toutes les bonnes volontés, de façon à ce qu’il voie le jour dès 2017.


Contact Collectif NSA:
collectifnsa@gmail.com

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