Ode à la vague

Encore une fois
mon vers se tourne
vers la vague.

Je ne puis m’empêcher
de te chanter,
mille fois mille,
mille fois, ô vague,
fiancée fugitive de l’océan :

vénus verte,
élancée
tu hisses ta cloche,
et de là-haut,
tu laisses tomber
des lys.

Ô lame Incessante
secouée par la solitude du vent,
érigée comme une statue transparente
mille fois mille cristallisée,
cristalline,
et puis tout le sel à terre :

le mouvement se fait écume
puis de l’écume la mer se reconstruit
et de nouveau ressurgit la turgescence.

Et de nouveau, cheval,
pure jument cyclonique et ailée
la crinière ardente de blancheur
dans l’ire de l’air en mouvement tu glisses,
tu bondis,
tu cours,
conduisant le traineau de la neige marine.

Vague, vague, vague,
mille fois mille vaincue,
mille fois mille dressée
et déversée :

vive la vague
mille fois immortelle
la vague.

Pablo Neruda, Tercer libro de las odas, 1957.

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